Aimer sans juger, c’est une belle idée. Pourtant, dans la réalité, il est difficile d’échapper aux pensées qui comparent, évaluent, placent l’autre dans une case. Sans forcément s’en rendre compte, on observe, on analyse, parfois avec bienveillance, parfois avec une certaine rigidité.
Alors, pourquoi est-il si complexe d’accueillir l’autre pleinement, sans chercher à le mesurer à travers notre propre définition de la vie ?
Le jugement, une forme de repère inconscient
Notre façon d’interpréter le monde passe par un filtre mental qui classe, qui met du sens, qui différencie. Nos propres lunettes! Ce réflexe, souvent automatique, aide à se situer, à comprendre ce qui nous rassure et ce qui nous déstabilise. Mais il peut aussi enfermer l’autre dans une vision réductrice, limitant la place que nous lui laissons réellement.
Derrière le jugement, il y a parfois une forme de protection : la peur d’être heurté, de perdre pied, ou encore de voir chez l’autre quelque chose qui résonne trop fort en nous. Ce qui nous dérange chez autrui peut être un miroir subtil de ce que nous avons du mal à accepter en nous-mêmes.
Peut-on aimer sans comprendre ?
On associe souvent l’amour à la compréhension mutuelle. Pourtant, il arrive que l’on croise des manières d’être, des choix de vie, des fonctionnements qui nous échappent. Face à cela, deux options : chercher à tout comprendre, au risque d’enfermer l’autre dans notre propre grille de lecture, ou accepter que l’amour puisse exister même là où la compréhension ne suit pas toujours.
Aimer sans conditionner ?
Derrière le jugement se cachent aussi des attentes : celles d’être aimé d’une certaine manière, de voir l’autre répondre à nos besoins ou à une idée implicite de ce qu’il “devrait être”. Lorsqu’une attente se crée, une forme d’évaluation peut émerger : “Pourquoi agit-il ainsi ? Pourquoi ne fait-elle pas cela ?”
Plutôt que de chercher à éradiquer tout jugement, ce qui semble bien difficile, il peut être intéressant d’en prendre conscience. Observer ces pensées sans forcément y adhérer permet déjà de faire un pas vers plus de souplesse. Peut-être qu’aimer sans juger ne signifie pas ne jamais avoir ces pensées, mais simplement leur accorder moins d’importance. Et dans cet espace-là, l’autre peut exister, tel qu’il est.