Il y a des jours où tout semble trop lourd. Où l’on porte en soi une lassitude profonde, un sentiment diffus d’injustice. Comme si la vie s’acharnait, comme si rien ne pouvait vraiment changer. Alors on subit, on attend, on espère que l’extérieur viendra réparer ce qui nous semble impossible de réparer seul.
Le poids du non-choix
Se sentir victime, ce n’est pas toujours un état visible. Parfois, c’est un murmure intérieur, un fil invisible qui dicte nos pas. On a l’impression de stagner, de ne pas avancer comme les autres, le monde va trop vite pour nous. On se sent coincé, impuissant face aux événements, prisonnier d’un rôle que l’on n’a pas forcément choisi. Et pourtant, quelque part, on s’y habitue.
Car il y a dans cette posture, une étrange sécurité. Celle de ne pas avoir à choisir. Celle d’être du côté de l’injustice, et donc du « bon côté ». Celle qui attire le regard compatissant, l’aide bienveillante, la main tendue. Mais à trop attendre d’être sauvé, on finit par ne plus se lever. À trop chercher l’écoute de l’autre, on oublie d’entendre sa propre voix. Le confort devient, tout à coup, inconfortable. La solitude grandit et le vide s’installe.
Peut-on exister autrement ?
Et si, au lieu d’attendre, on osait faire un pas ? Un pas minuscule, fragile peut-être, mais un pas quand même. Si l’on cessait de voir l’extérieur comme une menace ou une solution, mais comme un terrain sur lequel on peut aussi jouer, tenter, essayer.
Peut-être que de se sentir acculé n’est pas une fatalité, mais un regard. Un prisme à travers lequel on a appris à voir le monde, mais que l’on peut en décider autrement.
Sortir de ce rôle, ce n’est pas nier sa douleur. Ce n’est pas minimiser les blessures. C’est reconnaître que malgré elles, il y a encore des espaces de choix. Que l’on peut transformer la douleur en mouvement, l’attente en élan, le passé en quelque chose qui ne définit plus entièrement l’avenir.
Alors, que reste-t-il quand on arrête de subir ? Peut-être une porte de sortie. Peut-être un souffle plus léger. Peut-être une main, la nôtre cette fois. Tendue vers quelque chose de différent, où on pourrait ressentir à nouveau la lumière, puis le soleil sur notre peau. Ce moment de renaissance qui pourrait nous donner envie de s’extasier ceci: « je suis, malgré tout, en vie! »