« Chaud devant! »


La dépression arrive vraiment comme ça du jour au lendemain ?

C’était au détour d’un témoignage, dans une interview.
Quelqu’un parlait de sa dépression, et il disait :
« Elle m’est tombée dessus, sans prévenir. Et pourtant, je ne suis pas quelqu’un de fragile. J’ai toujours tenu. J’ai gravi les échelons. »

Il y avait quelque chose, dans cette phrase, qui m’a arrêtée.

Comme si la dépression était le signe d’une faiblesse personnelle. Comme si « tenir » longtemps devait logiquement nous mettre à l’abri.
Comme si le fait d’avoir réussi, d’avoir avancé, d’avoir géré, devait nous protéger.

Et pourtant.

Il arrive que ceux qui avancent sans relâche, sans bruit, sans plainte, soient justement ceux qui n’ont pas vu venir. Parce qu’ils s’efforcent, parce qu’ils compensent, parce qu’ils ne s’autorisent pas à s’écouter. Parce qu’ils croient, aussi, qu’ils n’ont pas “le droit” de flancher.

La dépression n’a pas de profil type.
Elle ne choisit pas “les fragiles”.
Elle arrive parfois chez ceux qui ont toujours été solides, mais au prix d’une tension constante, d’une exigence permanente, d’un silence intérieur bien tenu.

Ce n’est pas la fragilité qu’il faut interroger, mais parfois la pression. Celle qu’on se met, celle qu’on reçoit, celle qu’on intègre sans même la remarquer. Celle qui nous brûle les ailes.
Et la manière dont on apprend, tôt ou tard, que tenir n’est pas toujours un signe de force, si cela nous empêche de nous entendre de l’intérieur.

En thérapie nous regardons pourquoi l’écoute de soi n’a pas pu se faire afin de prendre conscience qu’un autre chemin est possible.