La volonté


Parfois nous faisons l’expérience de s’imaginer différent de ce que nous sommes. Cela nous paraît simple, il nous suffirait de « se bouger un peu », « se secouer les puces », « se mettre un coup de pied aux fesses ». On incarne sans s’en rendre compte le patron tyrannique, exigeant ou tatillon qu’on redouterait tous d’avoir. Nous nous mettons en tête des objectifs à atteindre avec des délais plus ou moins serrés. Alors, nous faisons appel à cette chère Volonté mais parfois sa présence n’est pas aussi soutenante que l’on avait imaginé.

Si c’était facile, alors pourquoi tout le monde n’y arrive pas ? Pourquoi rencontrons-nous des difficultés à être ou faire ce que l’on voudrait ?

Dans ce jeu d’aboutir à nos rêves, à nos envies, à nos projections futures, nous connaissons certaines règles mais nous en oublions d’autres.

C’est ainsi, qu’avec la moitié des règles du jeu, nous pouvons être happés par la culpabilité de ne pas faire, de ne pas dormir, de ne pas avoir envie, ou encore de manquer de motivation.

Alors, nous avons appris à vivre avec cet inconfort. On se dit que c’est foutu. On n’est pas le personnage qu’on aimerait être. On l’avait imaginé sous toutes ses coutures les plus belles qui soient mais on en est loin. On se remémore les nôtres : notre contexte social, nos caractéristiques physiques, nos relations, autrement dit là où on est. Par conséquent, nous nous rappelons constamment nos limites. Il n’y a donc pas de machine à nous façonner, à nous sortir de ce sentiment négatif ?

Cette ambiance devient presque familière. Puis à force de vivre en colocation avec son mal être, il nous arrive de vouloir le rencontrer et de le questionner.

Comme l’a souligné Balthazar Thomas (2024) dans son ouvrage « Être heureux avec Spinoza », « quand notre volonté nous paraît forte, c’est qu’en réalité nous sommes poussés par un seul désir cohérent et sans équivoque. Quand notre volonté nous paraît faible, c’est qu’elle va dans le sens contraire des forces qui nous animent. Et quand nous nous croyons libres c’est parce que nous sommes indifférents et indécis, c’est que des désirs contraires nous tiennent en balance ».

Si nous sommes perturbés par des désirs contraires à ce que nous souhaitons, cette énergie de la lutte va se matérialiser sous des pensées écrasantes de négativité. Le risque est de s’enfermer dans un personnage de « looseur » qui ne réussit jamais comme il le « faudrait ».

Plus nous luttons contre nos désirs plus il est difficile d’avancer. In fine, nous avons l’impression d’être au ralenti, voire d’être sclérosé. Cette impression est active tant que l’on ne comprend pas la réelle fonction de la volonté. Elle serait au service de nos forces et non en guerre contre elles.

Ce mouvement nous invite simplement à accepter ce qui est. Ce que nous sommes. A redescendre sur terre. D’aller regarder les parties de nous qui ne désirent pas bouger, alors que nous voulons éperdument faire des efforts dans le sens contraire.

En thérapie, nous explorons la différence entre l’envie et le désir afin de concentrer nos forces dans l’endroit qui est le plus adapté pour nous.

#Lâchersonpersonnagetoxique.