Le désir de reconnaissance, cette soif silencieuse, qui pousse parfois à chercher notre place sans vraiment savoir où regarder. Lorsqu’on ne grandit pas dans un environnement qui nous ressemble, où nos différences ne sont pas validées, il peut y avoir une confusion, un sentiment de ne pas être vu, ou entendu, de ne pas être accepté pour ce que l’on est réellement. Cette quête devient souvent un voyage sans fin, où l’on se heurte à des murs de malentendus et de jugements qui nous font douter de nous-mêmes parfois.
On peut passer d’un groupe à l’autre, on cherche à se fondre, à s’adapter, à devenir ce que l’on pense que l’on doit être pour enfin être accepté. Mais dans cette recherche, on se rend vite compte qu’il n’est pas toujours possible de plaire à tout le monde, ni de se faire reconnaître par ceux qui ne nous comprennent pas, ou qui ne partagent pas notre vision du monde. Et parfois, le problème ne vient pas seulement de ceux qui nous entourent, mais de notre propre difficulté à accepter nos différences et celles des autres.
Il y a peut être, dans cette quête de reconnaissance, une tension entre la volonté de s’affirmer et la peur d’être rejeté. Il n’est pas facile d’accepter que ce que nous sommes puisse déranger ou ne pas correspondre à ce que la société attend de nous. Mais peut-être que la question à se poser n’est pas tant celle de trouver l’approbation extérieure, mais plutôt celle de savoir si nous sommes prêts à accueillir nos propres différences, et à les accepter comme une richesse.
Se regarder, vraiment, sans les filtres des attentes et des jugements, c’est aussi accepter que notre manière d’être et de vivre puisse bousculer parfois, mais qu’elle a aussi sa place. En fait, ce qui nous manque n’est pas tant la reconnaissance des autres, mais l’acceptation intérieure de notre propre singularité.
Quand on se tourne vers soi, c’est comme si l’on plantait une graine au cœur de notre être. En prenant soin de cette semence, on lui permet de germer et de grandir, et ainsi, cette singularité qui en émerge devient une fleur que l’autre, à son tour, peut découvrir.
C’est dans cette ouverture aux autres, dans cette compréhension qu’il n’y a pas de « bon » ou « mauvais » mode d’être, que l’on peut vraiment commencer à se voir et à se comprendre. Peut-être que notre vrai défi n’est pas tant de chercher la validation extérieure, mais d’apprendre à reconnaître nos propres imperfections et celles des autres. C’est là, dans cette recherche de soi et de l’autre, que l’on finit par trouver la reconnaissance la plus précieuse : celle de notre propre valeur.
Quand on se tourne vers soi, c’est comme semer un coquelicot blanc au milieu d’un champ de coquelicots rouges. Si l’on ne prend pas le temps de nourrir cette différence, de lui donner de l’espace pour croître, elle restera invisible, noyée dans la masse. C’est là, dans cette patience de soi, que l’on fait grandir cette singularité qui, petit à petit, se distingue. Et quand le coquelicot blanc atteint sa pleine maturité, il apparaît enfin, éclatant de sa différence, non par sa ressemblance, mais par sa singularité. C’est là, dans cette recherche de soi et de l’autre, que l’on finit par trouver la reconnaissance la plus précieuse.
Alors, bonne nouvelle nous pouvons arrêter cette course infernale. Ce n’est pas la reconnaissance des autres que nous devons chercher avant tout, mais l’acceptation de qui nous sommes.