Deux salles, deux ambiances


Quelques fois, des personnes viennent me voir, bouleversées, parce qu’elles ne comprennent pas.
Pourquoi « on leur a fait ça », pourquoi « on leur a dit ça » alors qu’elles sont, de leur point de vue, irréprochables.
Elles sont convaincues d’avoir bien agi, d’avoir été du bon côté.
Un peu comme les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, persuadés d’agir pour une cause qui leur paraissait juste.
Et de l’autre côté les Français aussi, convaincus d’incarner les « gentils ».
Alors on peut en déduire que la réponse au « pourquoi moi ? » ne se trouve pas dans une bonne foi revendiquée.

Je dirais que c’est aussi une affaire de sensations.
Pas des raisonnements logiques, pas des équations.
Mais quelque chose de plus brut, de plus instinctif.
Une forme de savoir qui nous traverse sans passer par une logique cérébrale.

Quand les gens me posent cette question du « pourquoi moi ?», c’est souvent depuis la douleur de l’injustice.
Et ce sentiment est, en soi, tout à fait légitime.
Mais il faut parfois accepter que certaines réponses humaines échappent à la logique.
Qu’il n’existe pas toujours de mode d’emploi tout à fait lisible.

Les réponses, bien souvent, se trouvent en nous.
Dans ce que l’on dégage sans le savoir, dans ce que l’on transmet malgré soi.
Il arrive qu’on soit inconscient de nos gestes, de nos silences, de nos micro-attitudes…
Et pourtant, ces signaux sont bien réels pour les autres et en envoient un tout autre message.
Alors, à force d’oublier la moitié du mode d’emploi, on finit par naviguer à l’aveugle dans nos relations.

En thérapie, l’un des chemins que nous empruntons, c’est justement celui de la prise de conscience.
De ce qu’on renvoie au monde, de ce qu’on provoque chez l’autre.
Et le thérapeute, lui aussi, doit connaître ses propres masques.
Pour pouvoir voir avec clarté, et offrir à l’autre un miroir clair de ce qu’il peut susciter dans ses relations.

Je pense à cette femme, au regard fuyant, qui se présentait comme quelqu’un d’engagé.
Elle ne comprenait pas pourquoi les gens la tenaient à distance.
Et pourtant, son regard disait tout autre chose.
Alors je lui ai posé cette question simple avec bienveillance : Engagée, oui… mais jusqu’où ?

Avant d’aller plus loin, il est essentiel de préciser que cette réflexion ne concerne pas les situations de violences, de harcèlement, d’abus ou toute autre forme de maltraitance. Ces situations relèvent d’un tout autre cadre, où la responsabilité n’est jamais partagée. Ici, il est question de ces incompréhensions du quotidien, de ces décalages relationnels ordinaires qui nous interrogent sur nous-mêmes.


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